Un cap plus exigeant donné par l'OMS pour protéger notre santé et le climat
28 sept. 2021
Mercredi 22 septembre 2021, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié ses nouvelles lignes directrices pour les principaux polluants de l'air. Les données accumulées par l’organisation montrent que la pollution atmosphérique a des effets néfastes sur la santé à des concentrations encore plus faibles que ce qui était admis jusqu’alors. Pour s’adapter à ce constat, l’OMS a abaissé la quasi-totalité de ses seuils de référence.
Des seuils abaissés
Les nouvelles lignes directrices de l’OMS concernent six polluants : les particules (PM10 et PM2,5), le dioxyde d’azote (NO2), l’ozone (O3), le monoxyde de carbone (CO) et le dioxyde de soufre (SO2).
Elles sont basées sur un processus rigoureux d’examen et d’évaluation des données factuelle (plus de 500 articles scientifiques). En effet, depuis la précédente édition des lignes directrices (2005), la quantité et la qualité des données factuelles montrant une incidence de la pollution atmosphérique sur différents aspects de la santé ont sensiblement augmenté.
C’est pourquoi, après un examen systématique des données accumulées, la majorité des seuils de référence actualisés ont été abaissés par rapport à ceux établis il y a 15 ans.
La pollution de l’air est responsable de 7 millions de décès prématurés chaque année dans le monde dont 500 000 en Europe, 48 000 en France, et environ 1 900 en région Centre-Val de Loire.
Seuils de référence recommandés en 2021 par rapport à ceux figurant dans les lignes directrices sur la qualité de l’air de 2005
Des nouveautés
>> Par rapport aux lignes directrices précédentes de l’OMS, les nouvelles lignes directrices :
- reposent sur de nouvelles méthodes de synthèse des données probantes et d’élaboration ;
- mettent davantage l’accent sur les données factuelles relatives aux effets sur la santé ;
- offrent une plus grande certitude quant au fait que les effets sur la santé se produisent à des niveaux de pollution atmosphérique plus faibles qu’on ne le croyait auparavant ;
- proposent des seuils de référence supplémentaires, par exemple pour l’O₃ pendant les pics saisonniers et pour le NO₂ et CO sur 24 heures, ainsi que de nouveaux objectifs intermédiaires ;
- donnent de nouvelles informations sur les bonnes pratiques de gestion de certains types de PM (le noir de carbone/carbone élémentaire, les particules ultrafines et les particules provenant de tempêtes de sable et de poussière).
Pour ce dernier point, l’OMS met l’accent sur des polluants qui ne sont pas encore réglementés comme les particules ultrafines (plus petites qu’un virus) ou le black carbon/carbone élémentaire (BC/EC) "pour lesquelles il n’existe actuellement pas assez de preuves quantitatives pour fixer des seuils de référence en matière de qualité de l’air".
Lig'Air s'est doté depuis plusieurs années, d'un appareil de mesure de black carbone/carbone élémentaire qui permet de qualifier les particules prélevées. Dans le cadre d'études exploratoires sur des polluants émergents, Lig'Air est en cours d'acquisition d'un préleveur de particules ultrafines.
L'importance des lignes directrices sur la qualité de l'air
Bien que les lignes directrices ne soient pas juridiquement contraignantes, elles peuvent aider les décideurs à définir, sur des bases factuelles, des normes et des objectifs juridiquement contraignants pour la gestion de la qualité de l’air, comme les directives européennes et les réglementations françaises.
En France, les valeurs réglementaires pour la qualité de l’air sont une déclinaison des directives européennes. Ces valeurs réglementaires ne sont pas forcément calquées sur les seuils sanitaires définis par l’OMS.
>> Consulter les valeurs réglementaires en vigueur : /la-reglementation/les-valeurs-reglementaires
Le climat, l’air et l’énergie : le trio indissociable pour protéger la santé des populations
Pour l’OMS, avec le changement climatique, la pollution atmosphérique est l’une des principales menaces environnementales pour la santé. L’amélioration de la qualité de l’air peut accompagner les efforts déployés pour atténuer les effets du changement climatique, avec notamment la réduction des émissions. Ainsi, en s’efforçant d’atteindre les seuils recommandés, les pays contribueront à protéger la santé de leur population d’une part, à limiter les conséquences du changement climatique d’autre part.
Pour exemple : le black carbon (comme l’ozone) est un puissant polluant climatique de courte durée de vie dont la réduction rapide permettrait un co-bénéfice pour l’air et le climat.
Seule une approche transversale pourra favoriser les synergies tout en permettant de gérer les antagonismes éventuels entre impératifs sanitaires, sociaux, économiques et environnementaux.